S'il y avait bien quelque chose que Timeo détestait plus que tout au monde, c'est que l'on se joue de lui. La confiance et le respect de l'autre faisaient partie intégrante des valeurs du jeune mafieux, et il ne supportait pas que des gens, surtout ceux avec qui il collaborait, ne respectent pas ces principes. Pour lui, c'était essentiel. Dans la mafia, la confiance était la base de tout. Et quand on faisait des affaires avec la mafia, mieux valait respecter ses règles, sous risques de graves répercussions.
Des traîtres, Timeo en avait déjà croisés. Il en avait même déjà tué un, c'était par ailleurs son premier meurtre. Il avait alors 15 ans quand il a planté une balle entre les deux yeux d'un homme qui était aller vendre des informations à la police. Chose qu'il n'aurait évidemment pas dû faire, cela va de soit.
Timeo donc, avait horreur qu'on se paye sa tête. Il aimait que les choses se passent bien, comme il l'avait prévu, et que les diverses transactions qu'ils faisaient se fasse sans incidents. Sauf que des incidents, il y en avait toujours. Des petits malins qui se croyaient plus intelligents que les autres, qui croyaient pouvoir échapper à la mafia sicilienne représentée par la personne de Timeo. Mais ce dernier ne laissait personne lui filer entre les mains, jamais. Très prudent, il surveillait tout, et se faisait aidé par ses collègues, qui avaient bien sûr les mêmes principes que lui.
Quand il prenait contact avec des personnes et faisait des affaires avec elles, ces dernières pouvaient être sûres d'une chose : elles seraient fichées, et suivies à la trace. La mafia, c'est bien connu, aimait tout contrôler. Une fois que vous vous êtes engagés avec elle, vous ne pouvez pas y réchapper, à moins de mourir ou de vous faire passer pour mort. Les règlements de comptes étaient très fréquents, et la victime des attaques de la mafia ne s'en sortait quasiment jamais.

Bill Wiggins. Timeo avait écrit son nom en grand sur un papier qu'il avait ensuite collé au mur. C'est lui qu'il devait retrouver. Et au plus vite, sinon, ça craindrait pour lui. Effectivement, ce drogué qu'il recherchait pourrait très facilement le balancer à la police, sans aucune hésitation. Le mafieux avait été mis au courant que Bill avait déjà fait le coup avec le gang du Cobra. Il s'était barré avec ce qu'on lui avait donné et n'avait pas hésité à tout révéler aux flics. Et ça, Timeo ne pouvait pas le laisser passer. Il ne pouvait pas risquer de briser sa couverture. C'était trop dangereux. Bien sûr, ses amis de la mafia pourrait tenter de le faire revenir dans son pays d'origine, qu'il se trouve une nouvelle identité ou qu'on n'ai pas le temps de remonter jusqu'à lui. Mais il avait pris goût à Londres et au mode de vie des Anglais. Il devenait lui-même un peu plus British chaque jour et ça ne lui déplaisait pas. Il aimait cet endroit et ne voulait pas gâcher cette opportunité à cause de Bill.
Ce qu'il allait lui faire, lui dire, il ne le savait pas encore. Il le connaissait depuis longtemps et au fond ça le dérangeait ce sentiment de trahison. Il avait cru pouvoir lui accorder sa confiance, mais il s'avérait finalement qu'il n'en était rien. Si ça arrangeait Bill, il balancerait Timeo sans remords. Et avec le bonus drogue en plus. Donc, il n'avait pas le choix, il allait le chercher, et le trouver. Ça ne lui prendrait pas longtemps, il se le promit.

Camden Town. C'est la première idée qui était venue à l'esprit de Timeo. Il voyait souvent Bill y traîner et y allait lui-même régulièrement. Il avait sauté dans le premier taxi venu pour y arriver le plus rapidement possible. Il avait aussi embarqué son Berretta 92, juste au cas où. Il n'avais pas réellement envie de tuer Bill mais le ferait s'il le fallait. En espérant ne pas en avoir à arriver à cette extrémité. Ce qu'il redoutait en fait, c'est que Gianni, son contact principal en Sicile, l'appelle pour lui demander d'éliminer le drogué. Car Timeo obéissait aux ordres, toujours, sans hésiter. Et qu'il le ferait si on l'appelait.
Fort heureusement pour Bill, le téléphone de Timeo ne sonna pas durant toute la durée du trajet. Après avoir payé comme un bon citoyen le taxi, le jeune mafieux sortit hors de la voiture et commença à chercher. Ses yeux se baladèrent partout dans le quartier. Il était de mauvaise humeur et cela se sentait dans sa démarche saccadée. Il en voulait à Bill d'avoir essayé de le fumer comme ça. Et Timeo s'énervait très vite pour ce genre de choses, autant dire qu'il fallait mieux que Bill impose de bons arguments s'il ne voulait pas risquer de problèmes avec la mafia italienne.

Il le trouva enfin. En train de discuter avec... des touristes, apparemment. Il ne fallut qu'une seconde pour que Timeo comprenne ce que Bill tentait de faire : les voler. C'était aussi une des activités du jeune homme. Il s'approcha d'un pas rapide. Il n'avait pas le temps de laisser la discussion se finir, il avait des choses à régler avec Bill. N'ayant cure des touristes à côtés, il s'adressa directement à l'homme.

« Tu sais, j'ai horreur qu'on se foute de ma gueule. »

Les touristes eurent l'air de comprendre que quelque chose n'allait pas car ils décidèrent de s'éloigner. S'ils ne l'avaient pas fait d'ailleurs, Timeo leur aurait sûrement demandés de quitter les lieux.

« Il paraît qu'on essaie de faire le malin dans mon dos ? Désolé pour toi mon pote, mais c'est pas comme ça que ça marche. Où est mon fric ? »